Chaviree

-J'ai de l'avenir, c'est certain, mais je ne suis pas certaine d'en vouloir.

Jeudi 31 mars 2011 à 14:28

Vous savez quoi : hier j'ai encore mis les pâtes dans l'évier!!! Du coup aujourd'hui j'en ai pas fait, parce que j'ai pas plus envie de vérifier la règle du "jamais deux sans trois" que de faire la vaisselle (parce que oui les pâtes des cessions précédentes sont toujours dans l'évier.... mais ça va ça fait que 4 jours... et puis j'étais en partiels quoi.)
Investir dans une vraie passoire devient vraiment urgent...




Mercredi 30 mars 2011 à 17:23

[Je lis Les Valeureux d'Albert Cohen et j'aime. Comme tous ses autres bouquins. (Je suis monomaniaque.)]
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Quand je vous disais que je me gâche! Maintenant ce sont les autres qui le disent (non vraiment, il aurait mieux valu que je me taise sur ce coup-là). Mais je ne vois pas le problème. Je ne vois pas en quoi la formation que j'ai choisi me déterminerai. Je l'ai choisi justement pour ne jamais correspondre à ce que je ferai. Pour ne pas être ce que je fais, ni ce que je ferai. Et que les autres s'y trompent je m'en fous.
Donc j'ai du potentiel que je n'utilise pas. Et c'est peut-être vrai, mais je trouve beaucoup plus intéressant de tenter d'acquérir du potentiel dans un domaine où je n'en ai pas. 

Voila pour le présent.

***

Quand je dis que le passé n'a plus de prise sur moi, ce n'est pas tout à fait vrai. Les bons souvenirs restent de bons souvenirs. Mais je ne les regrette pas. 
Et puis il reste deux douleurs. La première que j'espère effacer. Même si je ne me suis pas améliorée depuis l'époque où l'on s'est abîmées avec nos douleurs et notre amour. Parce que je ne suis toujours pas capable d'être là pour elle et pour elle seule (et je n'ai aucun droit à souhaiter encore prendre de la place dans sa vie mais je suis jalouse quand même un peu de ceux qui m'ont remplacée). Mais quand même, essayer d'avoir plus de souvenirs, plus de rires, effacer le passé à force de présent. Même si je ne peux pas la sauver, qu'au moins elle ne pleure plus à cause de moi.
L'autre elle s'est calmée. Elle ne se manifeste plus. Je ne l'ai pas oubliée pourtant. Et le souvenir revient dès que j'ai un peu trop bu. Et dès que je croise un certain visage qui m'évoque d'autres traits. Mais contre ce mal là, je ne peux rien faire. Il est trop tard pour rattraper quoique ce soit. Et tant pis. Je le garde, puisque c'est le dernier, puisque c'est une révolution, je m'y réchauffe.


****

Finalement, ça a mis plus de temps à venir, mais j'ai le même dégoût que les autres années qui s'est installé. Ce n'est pas aussi terrible qu'avant. Je n'ai rien fait de complètement stupide ce mois-ci. Enfin presque rien. J'ai fait de la friture alors que mes vêtements séchaient dans la pièce, j'ai renversé tous mes spaghettis dans l'évier parce que sans passoire, vider l'eau de la casserole, c'est quand même périlleux. (en vrai j'ai un truc qui ressemble à une passoire, mais c'est une passoire selon le concept shadock de la chose : ça "laisse passer l'eau et les nouilles"). Donc oui, en fait, j'ai fait pas mal de choses stupides. Disons que je n'ai rien fait de dramatique. Voila.
Mais quand même, là, ça revient. L'envie de m'enterrer très très très loin sous ma couette, et que l'on m'oublie. Surtout. 

Donc. Marquée au fer rouge par mon adolescence qui n'a plus lieu d'être et malgré tout, ça ne passe pas.

J'aurai pu faire plein de choses. Etre de ceux qui réussissent, qui sont connus ou qui font en sorte de l'être. Je vous le dit, j'ai de l'avenir. Mais je ne sais pas quoi en faire. Alors je le brade. Au plus offrant. Mais personne n'en veut et on me le laisse.
On ne cesse jamais de me remettre en marche, de me remonter. Toute les fois où je me suis arrêtée il y avait quelqu'un. C'en est presque louche même. Cette manie qu'on eut les gens à une époque de me sauver. Comme ça. Et pourtant je n'était même pas un peu jolie à l'époque.
Enfin... J'avais une gueule de courtisane. Un corps de, aussi. Ou pas.

Donc. Il faut que j'aille à Paris ce week-end. Et je ne veux pas. C'est la première fois peut-être, et c'est surtout la première fois à cette date-là, que je n'en ai pas envie. Mais tout de même. Sûrement qu'une fois là-bas, ça passera mais là...

Et je me tais sinon je vais trop en dire. (et puis c'est indécent cette expansion du "je" qui se dit à tort et à travers et qui prend tout l'espace... brrr)

Lundi 28 mars 2011 à 10:40

Je crois que je veux rater ma vie. En fait.http://chaviree.cowblog.fr/images/P1000953.jpg
C'est la seule explication.
Sinon comment justifier le fait que, l'une après l'autre, j'abandonne toutes les choses qui me plaisaient, qui me tenaient en vie, qui me retournaient les tripes de plaisir?

Tout ça à cause d'un sentiment inavouable (parce que ça ne colle pas) et que je ne reconnaîtrai jamais devant les autres.

Parce que rater. Mais c'est moins rater que ne pas essayer, ne pas prendre de risque. C'est moins compliqué que d'essayer et de réaliser qu'en fait, on est pas à la hauteur.

Mais je m'applique. Je me suis appliquée (je ne suis pas certaine que ce soit terminé). A me gâcher.
J'ai arrêter le sport. Totalement. Définitivement. Avec une perfection remarquable. Et je joue à la fille. Là encore avec beaucoup d'application.
J'ai laissé mon corps vivre sa vie, et maintenant je ne prendrai plus le risque de découvrir ses limites.

De ça et du reste il en va de la même façon. Oui vraiment, je n'ai aucune envie de réussir.

(J'essaye de me définir comme je peux, maintenant que mes bases se sont fracassées, pour le meilleur, dans le passé et l'indifférence. Histoire d'arrêter d'avancer au hasard sur cette corde raide tendue dans le noir. Pour échapper un peu à l'abîme.)


Dimanche 27 mars 2011 à 17:51

http://chaviree.cowblog.fr/images/P1010192.jpg
Plie
l'alcool est un baiser
l'envol des talons hauts sur le pavé
et les lèvres humides
comme perlées de rosée
celles que tu désires sans les posséder

Hurle
je te fais chavirer
pauvre coeur de l'amant
où je vais me vautrer
toute de faiblesses et de charmes
toute consentante et offerte

Mais je t'écrase
d'un regard pauvre homme
comme le mégot d'une cigarette
trop fumée et tachée
du rouge de mes lèvres
oh sanglante oh la beauté
Je t'écrase de mon rire
et comme tu gémis je me relève

Et je pars
infirme claudiquante
trop ivre pour aller droit
mais altière encore inaltérée
intouchée et souillée par tous
sauf par toi
et pour toi seule encore mon semblant de beauté

Mais tu me consoles
et je ne te torture que pour ça
dans tes yeux je vois encore mon auréole
ma grandeur passée
et perdue dans les bars éperdue sur le trottoir
toutes les larmes que j'ai trop pleurées
trop saoule trop vomies trop rejetées
tes bras les étreignent et les révèrent

Comment peux-tu imbécile
encore m'aimer
quand  tous m'ont méprisée?



(J'aime écrire quand j'ai bu. La dernière fois j'ai dessiné aussi, le résultat était sympa.
ça c'est parce que celle qui m'a montré cette plate-forme voulait que j'écrive encore des poèmes. Alors voila.)

Dimanche 27 mars 2011 à 16:25

Il y a quelque chose qui m'échappe.
Un illogisme. Comment tout cela a-t-il pu arriver?
Il y a quelque chose à un moment de ma vie, assez jeune en somme, qui a dérapé, que je n'ai pas maîtrisé.
Et de cette inconséquence-là, tout s'est emballé.
Je sais très bien ce que sais, je le savais depuis longtemps déjà que ça me perdrait, mais je n'ai pas envie de le dire à quiconque d'autre qu'à moi.

Ensuite.
Comme prévu la bouteille ne tiendra pas jusqu'à la fin de la journée. L'alcool est un plaisir. A un moment c'était aussi un remède mais maintenant je n'ai plus rien à guérir. 

Une question qui revient souvent : "mais qu'est-ce qu'une littéraire comme toi, est allée faire là?"
Ah oui parce que je suis le stéréotype de la littéraire. Celle qui marche en lisant sans se prendre les poteaux ni les gens (les gens de temps en temps mais c'est la faute à leur connerie à eux), celle qui écrit, celle qui aime la poésie, celle qui a les bras couturés de cicatrices, celle qui... Eh bien peut-être parce que j'en avais un peu marre que l'on puisse me ranger si facilement. Peut-être parce que j'avais envie de changement. Surtout parce qu'il y a eu un ou deux prétentieux qui ont croisé mon chemin et qui m'ont dit "même pas cap". Trois vieux cons aussi qui m'ont dit "impossible". Je déteste les vieux cons. Quant aux prétentieux et bien voila, je relève trop vite les défis. Un jour on me dira pas cap de sauter par la fenêtre, et bien sûr, je sauterai. Pourtant est-ce que j'ai quelque chose à prouver?
Mais ça m'amuse d'être là et de me planter. Je ne veux aller nulle part. ma vie ne commence qu'à  60 ans et je n'ai même pas envie de les atteindre. (et puis je les ai déjà ou je les ai déjà eu, peu importe.)

Je suis pleine de souvenirs. A déborder. A en être dépossédée de moi, parce qu'ils surgissent et s'imposent avec une force étonnante. A une époque ils avaient le pouvoir de me briser. Maintenant ils ne peuvent plus m'atteindre parce que je ne suis plus la même.
Maintenant je suis ce que les autres voient/veulent de moi. Et franchement, ce n'est pas très positif. Eh bien tant pis. Ils me disent détestable, je le serai. Orgueilleuse, prétentieuse, froide, altière, beaucoup trop fière. "Princesse" elle dit. Et on lui répond "assume". Et moi, j'hoche la tête.
Ce n'est probablement pas facile d'être ma mère. Ce n'est pas facile non plus d'être sa fille.
Mais tout de même, on peut passer du bon temps.
Je peux passer du bon temps avec n'importe qui. Même avec les pires salauds. C'est temporaire. J'ai une colère sourde qui ne cesse de gronder et finit par prendre toute la place. Eux ils oublient, moi jamais.

Qu'y a-t-il d'autre à dire?
Que je redécouvre le monde. Et c'est un sentiment assez étrange. Je retrouve des sensations que je connais. Des odeurs, des couleurs qui sont liées à des souvenirs, répétées d'années en années et toujours aimées. Et pourtant elles sont nouvelles. Je m'étonne de ma présence au monde. De cette capacité de mon corps à le ressentir. De la capacité de mon corps à s'imposer. Je ne saurai pas dire exactement ce que je ressens.
Mais tous les sons dont j'ai l'habitude ne résonnent plus exactement pareils. C'est comme si je les avais connu il y a très longtemps et que je les avais oublié.
Je suis bien dans cette nouveauté et dans cette indifférence.

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