De toute évidence je n'aime pas tout à fait le monde.
On appelle à la violence. Un grand appel, partout, une supplique. La débauche scabreuse des publicités, les gueules de 120 cm partout, oh les gens qui tirent la gueule ! Et ça me surprend, quand les français sont polis. Il faudrait laisser la France aux autres, à tous les autres, apprendre aux chauvins à aller voir ailleurs et à dire bonjour un peu. Et merci.
Las, il faut leur lécher les bottes.
Vous aimez ça un peu. L'accablant scandale, ça vous occupe, les nouvelles, la télé, les mauvaises séries, les mauvais films, les mauvais livres. J'ai pour vous une immense pitié. J'ai pour ceux qui vous nourrissent un immense mépris.
Moi aussi je vis dans ce monde. Mais un peu à côté toujours. Surtout à côté, toujours !
Je déteste ce que vous aimez, ce n'est pas un principe : mes principes sont plus souples.
Je déteste les vicissitudes des mâles, leur faiblesse violente, leur pauvre, leur lamentable bestialité.
Il faudra voter, si je ne vote pas on dira, sans conscience politique. Les seuls qui en sont dépourvus sont ceux qui prétendent l'incarner. Et ils sont bien aimables tous, tous ces crétins en pâte avec leurs beaux mots et leurs sondages. Aucune dignité, aucune prestance, pas le moindre bon sens. : le monde me hait, voyons, qu'il m'élise encore. Et peut-être que ça arrivera, il ne faut pas sous-estimer le stupide masochisme de la foule.
Je n'ai jamais bien compris le goût de certains pour le communisme. Je suis une ardente partisane du moi-je et de l'égoïsme complexe. Pour le reste mépris, ou pitié.
Vous vous faites avoir, vous vous faites manipuler. Pourquoi serait-ce mal de profiter de la crédulité d'autrui ?
Je sais que nous aussi, dans une accès de rage, on pourrait tuer quelque chose, un homme ou pire et ne pas s'en remettre, et bien trop s'en vouloir. Alors on excuse et pitié. Essayer de faire la part des choses. De toute façon s'il faut juger, on sera frustrer. La justice à des peines absurdes. Mais la vengeance est sans issue. Tu le sais, tu le pressens, rien ne peut réparer la perte, alors autant l'oublier. Faire son possible.
Je me demande : s'ils voulaient une guerre, maintenant, réussiraient-ils à nous la faire faire ? Nous les démilitarisés. Auraient-ils assez avec leurs guerriers de métier ? Il faut penser à tout, les hommes sont des fous. Si on les écoutait on hurlerait de peur à ne plus s'arrêter.
Je doute beaucoup des médias. Les nouvelles du monde ne me parviennent plus. Il paraît que c'est grave. Je suis moins triste, ils devraient être contents. Ils ne le sont jamais.
Le bonheur est absurde. Vous ne le serez jamais, vous aimez trop vous plaindre. Hypocrites, vous niez, vous prétendez même ne pas supporter l'hypocrisie. Malheureux vous vous assurez de la joie. Il vous faut tout, bien vivre et vous faire plaisir, et être beaux et satisfaits et et et... Il faudrait ne plus s'éparpiller.
Permettez-moi de vous déranger, je n'avais pas besoin de le dire, j'écris pour vous ennuyer.
J'ai tenu tout l'hiver, et assez bien même. J'ai mis toute mon énergie dans la colère et la fuite pour ne pas sombrer. Et j'ai réussi. Alors pourquoi est-ce que maintenant que les beaux jours sont là, le mot "rire" me donne envie de pleurer? Pourquoi ce besoin qui revient? Pourquoi les verres d'alcool avant de sortir le matin pour réussir à sourire. Et si je bois trop la nuit, les larmes dans la solitude. C'est donc l'été et mes nerfs lâchent. Rien ne va plus.
Par moment, dans la rue, cette faiblesse me révolte et je me jure que je peux bien me débrouiller seule. Je ne crois pas que ce soit vrai en ce moment, mais je n'ai pas le choix. Alors je bois. De toute façon, je m'en fous, personne n'est là pour m'en empêcher.
]]>Etre décorative ou même tout à fait inutile me va très bien. La pute au bras d'un vieux graisseux riche me conviendrait tout à fait.
Si cela ne tenait qu'à moi je ne ferai absolument rien. Une passivité totale. Parvenir à être si peu que ma vie ne laisserait absolument aucune trace. Mais c'est déjà raté. Et pour les effacer, les traces, maintenant...
Les regards se posent sur mon bras. Les bouches ne disent rien mais les regards sont éloquents. Qu'a-t-elle fait cette fille-là? Et quand? Et peut-être même pourquoi. Ce doit être aussi inconcevable pour eux maintenant qu'à l'époque. Je suis revenue au tout sourire, on ne croirait pas, mais je me suis très bien sortie de cet hiver. J'ai appris à digérer la fatalité. Ce n'est pas si compliqué que ça. Il y a toujours, certains jours de gris ou de fatigue, une vague mélancolique qui pèse, mais je ne suis plus dupe.
Je sais mieux que les autres l'inconséquence de mes actes, mais a posteriori, alors qu'eux, peut-être, sûrement, aurait pu le dire dès le début que... Je savais tout ça. Je le sais encore. Il faut du temps avant que ce que je sais change quelque chose à ce que je fais. C'est que je ne me résous pas à lâcher prise. Devenir une bonne fois pour toute celle que je suis à leurs yeux. Une espèce de citadelle que rien n'ébranle. La faiblesse est interdite, a été interdite dès le début de la partie.
C'est l'été. Ceux que j'ai rencontré pendant l'hiver découvre cette part de moi que le froid dissimule aux regards. Ils ne disent donc rien. L'évoquent sans en avoir l'air. D'un geste, d'un mot. Je souris. Je leur souris. Je faisais déjà ça au début, je m'y suis entrainée tout l'hiver à sourire. On cache des choses que l'on avoue une fois que l'on a bu. Ce n'est pas grave, ça ne reste pas, les mémoires alcoolisées effacent les confessions mal venues.
C'est l'été qui approche et l'hiver que l'on oublie. Je vais même recommencer à sortir. Mais avec précaution,
ne pas tout gâcher d'un coup.