Chaviree

-J'ai de l'avenir, c'est certain, mais je ne suis pas certaine d'en vouloir.

Mardi 24 mai 2011 à 22:28

J'ai bu très vite les deux verres de kir. Avec beaucoup de crème de framboise. Donc je suis encore ivre. Je suis encore seule chez moi, ivre. Mais midi est passé depuis longtemps.
(C'est qu'il y a deux tabous autour de l'alcool, le premier c'est de boire seul, le second de boire avant midi.)
En ce moment comme je ne bois pas en groupe, je bois nécessairement seule. (Je pourrai ne pas boire, mais le fait est que je bois, CQFD.)
Et en règle générale boire avant midi ne me dérange pas. (ça calme la colère triste des lendemains de fête, les cris des crises d'adolescence, ça accroche le sourire aux lèvres, ça rend le soleil plus éclatant, ça fait du bien.)

A l'époque où je buvais seule, en cachette, et pour oublier (triple tare), il y avait du monde autour, ça compliquait (relativement peu) les choses, ça les limitait. Maintenant je suis seule. Parfaitement seule. Personne ne sait que je bois. Sauf si je le dis. Personne ne sait rien. Donc rien ne me retient.
J'ai juste grandi. J'ai juste laisser passer la folie. Je suis juste un peu revenue du côté de la vie. Bien obligée. Alors c'est plus tranquille. Moins dangereux. Mais quand même.
J'ai l'impression que l'année va être dure à digérer si je ne suis pas ivre morte. (ça augmente mes facultés mentales après tout, c'est par exemple la première fois que je tape en aveugle...)

Bref, je suis ivre. La colère va mieux, se tasse un peu. J'arriverai peut-être à bien dormir.

Lundi 23 mai 2011 à 9:50

Rien n'avance plus. Je ne fais plus rien ni de bien ni de nouveau. 
Tout ce que j'ai pu faire, je l'ai fait avant. Avant de tout abandonnée, de lâcher prise et de me couler très volontiers et avec le sourire. C'était probablement stupide. Mais personne ne me l'a dit. Parce que personne ne l'a su.

J'ai tenu tout l'hiver, et assez bien même. J'ai mis toute mon énergie dans la colère et la fuite pour ne pas sombrer. Et j'ai réussi. Alors pourquoi est-ce que maintenant que les beaux jours sont là, le mot "rire" me donne envie de pleurer? Pourquoi ce besoin qui revient? Pourquoi les verres d'alcool avant de sortir le matin pour réussir à sourire. Et si je bois trop la nuit, les larmes dans la solitude. C'est donc l'été et mes nerfs lâchent. Rien ne va plus.

Par moment, dans la rue, cette faiblesse me révolte et je me jure que je peux bien me débrouiller seule. Je ne crois pas que ce soit vrai en ce moment, mais je n'ai pas le choix. Alors je bois. De toute façon, je m'en fous, personne n'est là pour m'en empêcher.

Vendredi 6 mai 2011 à 13:37

http://chaviree.cowblog.fr/images/Copiedest.jpgC'est une jalousie viscérale qui me tord les tripes d'envie de faire ce qu'ils font. Même si cela ne m'intéresse pas fondamentalement. Même si, par exemple, je n'ai aucun désir de savoir jouer de la musique, j'envie ceux qui le font.
Je déteste les musiciens. Ces gens-là donnent l'impression de ne vivre que par la musique et d'y trouver un sens à leur vie. Ils ont une vie sociale épanouie grâce à leur groupe avec qui ils entretiennent une complicité sympathique et des rancoeurs diverses. Ils ont un microcosme dans lequel ils s'épanouissent et qui leur procurent un charisme certain.
Je déteste ceux qui se disent artistes juste parce que trois de leurs potes leur ont dit que ce qu'ils faisaient c'était trop bien. Je déteste aussi les autres. Il faut que la reconnaissance vienne d'ailleurs avant de porter ce nom. Et que ce soit un peu dur, que "l'artiste" prenne un peu part à la création. Un peu plus qu'un peu même.
Je déteste les autres aussi. Tous les autres, ceux qui ont une vie, ceux qui n'en ont pas, ceux qui se suicident, ceux qui ont tout perdu et peuvent se permettre de gueuler. Ceux qui sont atrocement riches et ceux qui crèvent d'être pauvres. C'est une haine née de l'envie qui ne s'assouvit jamais, de vouloir, vivre même un peu ce qu'ils vivent.
Les seuls contre qui cette colère fluctuante ne s'éveille jamais, ce sont ceux qui comme moi, ne sont rien, ne font rien, n'essayent même pas de faire (parce que ...), et ne prétendent pas être quoique ce soit. (On prétend bien assez pour eux qu'ils sont beaucoup de choses).

Et c'est là qu'on voit que je n'ai pas entièrement, parfaitement, tout à fait, renoncer à tout. 
C'est cette manie colérique dont je ne parviens pas à me défaire. Une habitude de rébellion logée dans mon corps plutôt que dans mon esprit (définitivement vide et stérile) comme un principe fondateur et inéluctable auquel je n'échappe pas.
Et je ne vous dit pas l'effort que c'est à calmer une fois que c'est éveillé! Il faut de la violence alors. On ne peut pas avancer avec ce besoin récurrent, récessif, régulier, de tout foutre en l'air. Voila.
Et c'est évidemment ça qu'ils ne comprennent pas. Que je ne parviens pas à aller contre. Je pourrai peut-être, mais il faudrait accepter de passer au-dessus et de se retrouver, très probablement, vulnérable. Et l'on ne veut pas être vulnérable. Surtout pas.

Voila pour les premiers péchés. Colère et envie à l'excès. (et notez que je n'ai aucune vertu, aucune morale pour y pallier).

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